La plaque a été dévoilée avec les discours de
- François Vauglin, Maire du 11e,
- Hussein Bourgi, sénateur,
- Jean Luc Romero, adjoint à la Maire de Paris,
- Patrick Bloche, 1er adjoint à la Maire de Paris.
Discours du sénateur Hussein Bourgi :
" Monsieur le maire du 11ème, cher François,
Madame la 1re adjointe,
Mesdames messieurs les élus du conseil d'arrondissement
monsieur le 1re adjoint à la Maire de Paris, Cher Patrick,
monsieur l'adjoint à la Maire de Paris, cher Jean-Luc,
c'est un plaisir de me retrouver à vos côtés aujourd'hui avec la famille de Jean Le Bitoux,
ces frères qui sont ici, sa sœur qui n'a pas pu être là mais qui est avec nous par la pensée,
J'aimerai vous saluer vous tous et vous toutes, en vos grades, fonctions et qualités, que vous soyez responsables associatifs en responsabilité,
que vous ayez été compagnons de route, camarades de lutte de Jean Le Bitoux, et je voudrais saluer beaucoup ceux qui nous ont fait l'amitié d'être ici avec nous ce soir.
Évoquer Jean-Le Bitoux, c'est finalement reprendre cette belle phrase d'un poète sétois, c'est mon département, qui s'appelle Paul Valéry, qui disait :"La mémoire, c'est le passé que l'on conjugue au présent". Ce soir, c'est un peu retour vers le passé. C'est un peu retour sur cette mémoire qui est la nôtre, mais pas seulement la nôtre, j'aurai l'occasion d'y revenir.
Je voudrais partager avec vous 3 observations.
1/ La première concerne Jean Le Bitoux et Paris, et singulièrement le 11e arrondissement.
Vous le savez toutes et tous, peut-être, Jean Le Bitoux est né à Bordeaux, il a vécu quelques années à Nice et il s'est installé ensuite à Paris.
Je l'ai connu dans les 15 dernières années de sa vie, et lorsque j'échangeai avec lui, il me disait: "Paris est magique. Si je suis né à Bordeaux, c'est à Paris que j'ai vraiment grandi." À travers cette phrase, il avait résumé ce qui était le sentiment qui était le sien. Parce qu'à Paris, il y avait une émulation intellectuelle, il y avait une émulation militante, il y avait des confrontations qui étaient parfois sans concession aucune, mais il avait eu le sentiment que cette ville lui avait permis de se révéler et de se réaliser. Donc, c'est une déclaration d'amour d'une certaine façon, ou pas.
Le 11e arrondissement, tu les a évoqués, chère François, a les différentes adresses où il a habité. Alors, il lui était arrivé de changer d'adresse, mais c'était souvent pour rester dans le 11e arrondissement : boulevard Voltaire, et puis il a surtout fini sa vie rue Villa-Gaudelet dans le 11e. Je voudrais m'arrêter un instant sur cette adresse précise.
Vous le savez toutes et tous, Jean a été un militant très actif, un militant flamboyant, mais à la fin de sa vie, il a rencontré des difficultés. Sa santé l'a progressivement abandonné, il se retrouvait dans une situation qui était délicate. Et même si ces choses-là ne se disent pas, moi, je vais vous le dire, merci beaucoup à la ville de Paris, merci beaucoup au maire de l'époque, Bertrand Delanoë, merci beaucoup à l'équipe du 11e de l'époque de lui avoir tendu la main lorsqu'il en a eu besoin, parce que c'est dans cette adresse de la rue Villa-Gaudelet où il a réussi à quitter la rue Bichet dans le 9e pour venir s'installer ici. Il a fini sa vie dans des conditions un peu plus sereines, un peu plus paisibles, et cela, nous vous le devons. Il vous le doit et même s'il n'est plus là, c'est en son nom, de cette manière que je vous le dis, Merci à vous élus du 11e. Merci au maire de Paris qui était en responsabilité à l'époque, Bertrand Delanoë.
2/ Je voudrais ensuite évoquer Jean Le Bitoux et le magazine Gai Pied, Jean Le Bitoux et ses engagements militants.
Vous le savez, l'histoire de Gai Pied, elle est née à l'été 78 et il y a ici parmi nous un des vétérans, Christian de Leusse, qui est venu de Marseille.
Merci beaucoup à toi, Christian, qui était avec Jean Le Bitoux et une trentaines de militants à l'époque dans ce mas provencal en Ardèche pour évoquer cette épopée fantastique qui allait être la création du magazine Gai Pied inspiré à l'époque de la création de Libération en 1973. L'espace d'un été, vous avez échangé, vous avez gambergé, vous avez fait la fête aussi et puis vous avez fait ce projet qui s'est concrétisé quelques mois plus tard, puisque effectivement le numéro 0 est sorti en février 79 et le numéro 1 en kiosque en avril 1979.
Et à l'époque Jean Le Bitoux avait eu l'intelligence d'aller chercher des parrains prestigieux. Et ce n'était pas pour faire du bling bling, c'était tout simplement pour s'en servir de paratonnerre : quelques années plus tard, dans un documentaire que lui a consacré Voto ici présent et que je salue, Jean Le Bitoux avait dit : "mais vous savez, on ne censure pas, on n'interdit pas Michel Foucault." Et donc c'est la raison pour laquelle il y avait ce comité des parrains et des marraines qui étaient particulièrement prestigieux mais il avait compté qu'en se dotant de ce comité il devenait un peu intouchable pour ce journal qui venait de voir le jour.
Quatre ans plus tard, vous les savez, Jean Le Bitoux a fini par quitter ce magazine, parce qu'effectivement la vocation militante de ce journal s'était un peu éloignée, au militantisme, avait succédé la frénésie consumériste, l'eugénisme, le jeunisme aussi et puis la dépolitisation. Bref, si nous pouvions comparer à quelques média d'aujourd'hui, on se dirait que finalement les mêmes problèmes qui avaient conduit Jean une trentaine de ses amis à partir se retrouvent peut-être aujourd'hui, où l'on cède trop trop souvent confronté au consumériste, à l'eugénisme, au jeunisme, et donc, tu as pu utilement nous faire réfléchir.
Lorsque Jean a quité le magazine Gai Pied il s'est engagé dans de nombreux combats, le combat contre le Sida, il s'est engagé au côté de Pierre Seel pour la reconnaissance de la déportation pour motif d'homosexualité. Mais tous ces combats, vous les connaissez toutes et tous.
3/ La troisième observation qui sera la dernière c'est Jean Le Bitoux et la mémoire,
Jean Le Bitoux et l'histoire.
En prenant une part active dans l'histoire de notre pays, parce que oui, l'histoire des homosexuels, des personnes LGBT, fait partie de l'histoire de France, il a contribué à écrire un certain nombre de pages d'Histoire de notre pays. En quittant ce monde prématurément le 21 avril 2010, il avait porté de nombreux combats et parmi lesquels l'attachement tout particulier qui n'avait peut-être pas été saisi par la génération militante de l'époque, qui est cet attachement pour la mémoire, cet attachement pour les archives.
Et je vais citer un officier militaire et Jean en prendra peut-être ombrage car Jean n'était pas toujours ami avec les militaires, surtout lorsqu'ils lui interdisaient de participer aux premières cérémonies de commémoration de déportation, mais il avait quelques militaires avec lesquels il avait su tisser des relations de complicité. Donc le militaire que je vais citer c'est le Maréchal Foch. C'est un des grands maréchaux de France et il disait ceci : "Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir." Alors si je paraphrase ce soir le Maréchal Foch, je vous dirais "qu'une communauté sans mémoire est une communauté sans amour."
Chaque communauté quelle qu'elle soit, parce qu'elle a mené des combats ou que d'autres ont mené des combats qui sont des combats fondateurs comme l'émancipation, pour la Libération, pour l'abolition de l'esclavage, pour la traite ouvrière, pour se reconstruire après la Shoah, Chaque communauté a besoin de lieux, a besoin de rituels pour partager et transmettre. Et cela est singulièrement important pour la communauté LGBT parce que vous le savez dans d'autres communautés la transmission se fait à l'intérieur de la famille, ce sont les parents qui transmettent la mémoire et l'histoire à leurs enfants, mais dans la communauté LGBT, ça se passe différemment. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin de ces lieux de mémoire, nous avons besoin de ces rituels, qui nous permettent de transmettre ces mémoires. En dévoilant la plaque ici, vous y contribuez et soyez-en à nouveau chaleureusement remercié, cher François, ton équipe et toute l'équipe de la ville de Paris.
Jean Le Bitoux avait émis un vœu, qu'il avait formulé que je reprends à mon tour, mais je crois que ce vœu est partagé par beaucoup d'entre nous, c'est qu'il puisse y avoir un centre d'archives LGBT afin que dans 10 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans lorsque nous ne serons plus là, d'autres puissent aller chercher tout simplement dans ces archives notre histoire qui sera aussi la leur.
Vous l'avez compris, nous sommes chacun et chacun d'entre nous, d'une certaine manière, les héritiers de cette histoire, les acteurs de cette histoire,
- je me tourne vers Jean-Luc Romero, aussi un acteur important de la lutte contre le SIDA en France, la lutte pour l'égalité, pour les personnes LGBT,
- je me tourne vers Patrick Bloch qui a été une des chevilles ouvrières avec Jean-Pierre Michel de la loi sur le PaCS, sur le mariage pour tous,
- je me tourne vers François, président du MAG et aujourd'hui en qualité de Maire du 11e
nous sommes d'une certaine manière chacun et chacune d'entre nous les acteurs de cette mémoire, les acteurs de cette histoire.
Mais être les héritiers et les acteurs, cela ne suffit pas, nous devons aussi être les passeurs, nous devons aussi être les ambassadeurs de cette mémoire. En tout cas, c'est cette mission que je me suis assigné depuis que Jean Le Bitoux nous a quittés et qu'il m'a confié à la fin de sa vie la présidence du Mémorial de la déportation homosexuelle.
Je le fais en fidélité à ce qu'il a pu faire, je le fais en fidélité à ce que nous sommes, je le fais en fidélité à ce que d'autres ont fait pour que nous soyons ici dans l'espace public à parler librement sans craindre d'être interpellé, sans craindre d'être verbalisé, bref je les fais en fidélité à ce goût immodéré pour l'égalité et pour la liberté.
Merci à toutes et à tous de votre écoute et merci à Jean Le Bitoux de nous réunir aujourd'hui, 15 ans après sa disparition en des conditions plus heureuses car l'hommage que nous lui avions rendu lors de sa disparition c'était déjà dans la Mairie du 11e, merci beaucoup aux aînés qui nous avaient facilité les conditions de création de l'hommage que le monde associatif et militant lui y avait rendu en 2010.
Merci à vous, merci à vous pour votre amitié pour votre fidélité pour votre engagement et ce sera le mot de la fin.
un autre vœu j'espère vous retrouver très rapidement, c'est-à-dire dès le printemps prochain car vous l'avez compris nous avons un petit bout de chemin à faire ensemble donc je compte sur vous :
- Jean-Luc, là où tu seras dans les fonctions qui seront les tiennes, elles seront différentes nécessairement ;
- mon cher Patrick, dans les fonctions qui seront toujours les tiennes je l'espère ;
- cher François, dans les fonctions qui seront les tiennes mais sûrement élu du 11e ;
- et surtout vous, parce que les élus ne peuvent pas faire seuls, les élus ont besoin de l'énergie associative, ont besoin de la créativité militante, ont besoin parfois l'impatience militante qui peut s'exprimer pour les sortir de leur torpeur,
bref nous avons tous à faire ensemble et je vous donne rendez-vous pour le prochain moment. merci à tous merci. "
Madame la 1re adjointe,
Mesdames messieurs les élus du conseil d'arrondissement
monsieur le 1re adjoint à la Maire de Paris, Cher Patrick,
monsieur l'adjoint à la Maire de Paris, cher Jean-Luc,
c'est un plaisir de me retrouver à vos côtés aujourd'hui avec la famille de Jean Le Bitoux,
ces frères qui sont ici, sa sœur qui n'a pas pu être là mais qui est avec nous par la pensée,
J'aimerai vous saluer vous tous et vous toutes, en vos grades, fonctions et qualités, que vous soyez responsables associatifs en responsabilité,
que vous ayez été compagnons de route, camarades de lutte de Jean Le Bitoux, et je voudrais saluer beaucoup ceux qui nous ont fait l'amitié d'être ici avec nous ce soir.
Évoquer Jean-Le Bitoux, c'est finalement reprendre cette belle phrase d'un poète sétois, c'est mon département, qui s'appelle Paul Valéry, qui disait :"La mémoire, c'est le passé que l'on conjugue au présent". Ce soir, c'est un peu retour vers le passé. C'est un peu retour sur cette mémoire qui est la nôtre, mais pas seulement la nôtre, j'aurai l'occasion d'y revenir.
Je voudrais partager avec vous 3 observations.
1/ La première concerne Jean Le Bitoux et Paris, et singulièrement le 11e arrondissement.
Vous le savez toutes et tous, peut-être, Jean Le Bitoux est né à Bordeaux, il a vécu quelques années à Nice et il s'est installé ensuite à Paris.
Je l'ai connu dans les 15 dernières années de sa vie, et lorsque j'échangeai avec lui, il me disait: "Paris est magique. Si je suis né à Bordeaux, c'est à Paris que j'ai vraiment grandi." À travers cette phrase, il avait résumé ce qui était le sentiment qui était le sien. Parce qu'à Paris, il y avait une émulation intellectuelle, il y avait une émulation militante, il y avait des confrontations qui étaient parfois sans concession aucune, mais il avait eu le sentiment que cette ville lui avait permis de se révéler et de se réaliser. Donc, c'est une déclaration d'amour d'une certaine façon, ou pas.
Le 11e arrondissement, tu les a évoqués, chère François, a les différentes adresses où il a habité. Alors, il lui était arrivé de changer d'adresse, mais c'était souvent pour rester dans le 11e arrondissement : boulevard Voltaire, et puis il a surtout fini sa vie rue Villa-Gaudelet dans le 11e. Je voudrais m'arrêter un instant sur cette adresse précise.
Vous le savez toutes et tous, Jean a été un militant très actif, un militant flamboyant, mais à la fin de sa vie, il a rencontré des difficultés. Sa santé l'a progressivement abandonné, il se retrouvait dans une situation qui était délicate. Et même si ces choses-là ne se disent pas, moi, je vais vous le dire, merci beaucoup à la ville de Paris, merci beaucoup au maire de l'époque, Bertrand Delanoë, merci beaucoup à l'équipe du 11e de l'époque de lui avoir tendu la main lorsqu'il en a eu besoin, parce que c'est dans cette adresse de la rue Villa-Gaudelet où il a réussi à quitter la rue Bichet dans le 9e pour venir s'installer ici. Il a fini sa vie dans des conditions un peu plus sereines, un peu plus paisibles, et cela, nous vous le devons. Il vous le doit et même s'il n'est plus là, c'est en son nom, de cette manière que je vous le dis, Merci à vous élus du 11e. Merci au maire de Paris qui était en responsabilité à l'époque, Bertrand Delanoë.
2/ Je voudrais ensuite évoquer Jean Le Bitoux et le magazine Gai Pied, Jean Le Bitoux et ses engagements militants.
Vous le savez, l'histoire de Gai Pied, elle est née à l'été 78 et il y a ici parmi nous un des vétérans, Christian de Leusse, qui est venu de Marseille.
Merci beaucoup à toi, Christian, qui était avec Jean Le Bitoux et une trentaines de militants à l'époque dans ce mas provencal en Ardèche pour évoquer cette épopée fantastique qui allait être la création du magazine Gai Pied inspiré à l'époque de la création de Libération en 1973. L'espace d'un été, vous avez échangé, vous avez gambergé, vous avez fait la fête aussi et puis vous avez fait ce projet qui s'est concrétisé quelques mois plus tard, puisque effectivement le numéro 0 est sorti en février 79 et le numéro 1 en kiosque en avril 1979.
Et à l'époque Jean Le Bitoux avait eu l'intelligence d'aller chercher des parrains prestigieux. Et ce n'était pas pour faire du bling bling, c'était tout simplement pour s'en servir de paratonnerre : quelques années plus tard, dans un documentaire que lui a consacré Voto ici présent et que je salue, Jean Le Bitoux avait dit : "mais vous savez, on ne censure pas, on n'interdit pas Michel Foucault." Et donc c'est la raison pour laquelle il y avait ce comité des parrains et des marraines qui étaient particulièrement prestigieux mais il avait compté qu'en se dotant de ce comité il devenait un peu intouchable pour ce journal qui venait de voir le jour.
Quatre ans plus tard, vous les savez, Jean Le Bitoux a fini par quitter ce magazine, parce qu'effectivement la vocation militante de ce journal s'était un peu éloignée, au militantisme, avait succédé la frénésie consumériste, l'eugénisme, le jeunisme aussi et puis la dépolitisation. Bref, si nous pouvions comparer à quelques média d'aujourd'hui, on se dirait que finalement les mêmes problèmes qui avaient conduit Jean une trentaine de ses amis à partir se retrouvent peut-être aujourd'hui, où l'on cède trop trop souvent confronté au consumériste, à l'eugénisme, au jeunisme, et donc, tu as pu utilement nous faire réfléchir.
Lorsque Jean a quité le magazine Gai Pied il s'est engagé dans de nombreux combats, le combat contre le Sida, il s'est engagé au côté de Pierre Seel pour la reconnaissance de la déportation pour motif d'homosexualité. Mais tous ces combats, vous les connaissez toutes et tous.
3/ La troisième observation qui sera la dernière c'est Jean Le Bitoux et la mémoire,
Jean Le Bitoux et l'histoire.
En prenant une part active dans l'histoire de notre pays, parce que oui, l'histoire des homosexuels, des personnes LGBT, fait partie de l'histoire de France, il a contribué à écrire un certain nombre de pages d'Histoire de notre pays. En quittant ce monde prématurément le 21 avril 2010, il avait porté de nombreux combats et parmi lesquels l'attachement tout particulier qui n'avait peut-être pas été saisi par la génération militante de l'époque, qui est cet attachement pour la mémoire, cet attachement pour les archives.
Et je vais citer un officier militaire et Jean en prendra peut-être ombrage car Jean n'était pas toujours ami avec les militaires, surtout lorsqu'ils lui interdisaient de participer aux premières cérémonies de commémoration de déportation, mais il avait quelques militaires avec lesquels il avait su tisser des relations de complicité. Donc le militaire que je vais citer c'est le Maréchal Foch. C'est un des grands maréchaux de France et il disait ceci : "Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir." Alors si je paraphrase ce soir le Maréchal Foch, je vous dirais "qu'une communauté sans mémoire est une communauté sans amour."
Chaque communauté quelle qu'elle soit, parce qu'elle a mené des combats ou que d'autres ont mené des combats qui sont des combats fondateurs comme l'émancipation, pour la Libération, pour l'abolition de l'esclavage, pour la traite ouvrière, pour se reconstruire après la Shoah, Chaque communauté a besoin de lieux, a besoin de rituels pour partager et transmettre. Et cela est singulièrement important pour la communauté LGBT parce que vous le savez dans d'autres communautés la transmission se fait à l'intérieur de la famille, ce sont les parents qui transmettent la mémoire et l'histoire à leurs enfants, mais dans la communauté LGBT, ça se passe différemment. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin de ces lieux de mémoire, nous avons besoin de ces rituels, qui nous permettent de transmettre ces mémoires. En dévoilant la plaque ici, vous y contribuez et soyez-en à nouveau chaleureusement remercié, cher François, ton équipe et toute l'équipe de la ville de Paris.
Jean Le Bitoux avait émis un vœu, qu'il avait formulé que je reprends à mon tour, mais je crois que ce vœu est partagé par beaucoup d'entre nous, c'est qu'il puisse y avoir un centre d'archives LGBT afin que dans 10 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans lorsque nous ne serons plus là, d'autres puissent aller chercher tout simplement dans ces archives notre histoire qui sera aussi la leur.
Vous l'avez compris, nous sommes chacun et chacun d'entre nous, d'une certaine manière, les héritiers de cette histoire, les acteurs de cette histoire,
- je me tourne vers Jean-Luc Romero, aussi un acteur important de la lutte contre le SIDA en France, la lutte pour l'égalité, pour les personnes LGBT,
- je me tourne vers Patrick Bloch qui a été une des chevilles ouvrières avec Jean-Pierre Michel de la loi sur le PaCS, sur le mariage pour tous,
- je me tourne vers François, président du MAG et aujourd'hui en qualité de Maire du 11e
nous sommes d'une certaine manière chacun et chacune d'entre nous les acteurs de cette mémoire, les acteurs de cette histoire.
Mais être les héritiers et les acteurs, cela ne suffit pas, nous devons aussi être les passeurs, nous devons aussi être les ambassadeurs de cette mémoire. En tout cas, c'est cette mission que je me suis assigné depuis que Jean Le Bitoux nous a quittés et qu'il m'a confié à la fin de sa vie la présidence du Mémorial de la déportation homosexuelle.
Je le fais en fidélité à ce qu'il a pu faire, je le fais en fidélité à ce que nous sommes, je le fais en fidélité à ce que d'autres ont fait pour que nous soyons ici dans l'espace public à parler librement sans craindre d'être interpellé, sans craindre d'être verbalisé, bref je les fais en fidélité à ce goût immodéré pour l'égalité et pour la liberté.
Merci à toutes et à tous de votre écoute et merci à Jean Le Bitoux de nous réunir aujourd'hui, 15 ans après sa disparition en des conditions plus heureuses car l'hommage que nous lui avions rendu lors de sa disparition c'était déjà dans la Mairie du 11e, merci beaucoup aux aînés qui nous avaient facilité les conditions de création de l'hommage que le monde associatif et militant lui y avait rendu en 2010.
Merci à vous, merci à vous pour votre amitié pour votre fidélité pour votre engagement et ce sera le mot de la fin.
un autre vœu j'espère vous retrouver très rapidement, c'est-à-dire dès le printemps prochain car vous l'avez compris nous avons un petit bout de chemin à faire ensemble donc je compte sur vous :
- Jean-Luc, là où tu seras dans les fonctions qui seront les tiennes, elles seront différentes nécessairement ;
- mon cher Patrick, dans les fonctions qui seront toujours les tiennes je l'espère ;
- cher François, dans les fonctions qui seront les tiennes mais sûrement élu du 11e ;
- et surtout vous, parce que les élus ne peuvent pas faire seuls, les élus ont besoin de l'énergie associative, ont besoin de la créativité militante, ont besoin parfois l'impatience militante qui peut s'exprimer pour les sortir de leur torpeur,
bref nous avons tous à faire ensemble et je vous donne rendez-vous pour le prochain moment. merci à tous merci. "
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