Histoire: les Triangles Roses


Dans les années 1920, un vent de liberté souffle sur l’Allemagne de Weimar. Les établissements gay et lesbiens sont nombreux et, si l’homosexualité est officiellement condamnée par le paragraphe 175 du code pénal allemand, les poursuites judiciaires sont rares.









Le Paragraphe 175

« Les actes sexuels contre-nature qui sont perpétrés, que ce soit entre des peersonnes de sexe masculin ou entre des hommes et des animaux, sont passibles de prison ; il peut aussi être prononcé la perte des droits civiques. »

Cet article du Code Pénal a constitué la base légale de 1871 à 1994 pour condamner l’homosexualité masculine en Allemagne. Mais il a été renforcé en 1935, l’homosexualité passant de l’infraction au crime. Le qualificatif «contre-nature» disparaît, élargissant le champ des actes répréhensibles. Des cas aggravants sont ajoutés à la loi, tels que les menaces et la violence, l’abus de position dominante, l’abus sur des hommes de moins de 21 ans et la prostitution. Le sens de la loi change fortement : on ne condamne plus des pratiques sexuelles spécifiques, mais le fait d’être homosexuel. Cela permettra d’envoyer en camp de concentration des hommes sur de simples présomptions. En 1935, le Code Pénal est aussi modifié pour permettre la castration volontaire des délinquants sexuels condamnés au titre du Paragraphe 175, puis le 20 mai 1939, le Reichsführer-SS autorise la castration forcée des délinquants sexuels.



La chasse aux homos

Hitler et les nazis dénoncent les homosexuels qui « corrompent la jeunesse ». En 1935, ils révisent et durcissent le paragraphe 175 : désormais, l’homosexualité est un crime racial. Accusé de freiner la croissance démographique, les homosexuels sont pourchassés sans relâche.



Les associations et établissements homosexuels sont fermés dès 1933 et la Gestapo ou la police utilisent les fichiers homosexuels pour multiplier les arrestations. Entre 50 et 63.000 homosexuels sont envoyés en prison.

75.000 victimes

Les nazis déportent dans les camps de concentration 10 à 15.000 homosexuels. Là, les homosexuels n’étaient pas destinés à l’extermination (qui ne concernait que les juifs et les tziganes). Ils devaient subir une « rééducation » forcée par le travail. Des expériences « médicales » furent menées sur nombre d'entre eux, allant des injections hormonales aux castrations prétendues « thérapeutiques ».



Les Triangles roses


Les hommes portaient le triangle rose. L’insigne des homosexuels masculins était souvent plus grand que celui des autres détenus afin que les S.S., mais aussi les kapos et les détenus puissent plus aisément les repérer.

Les déportés homosexuels étaient des victimes de choix, placées au plus bas de la hiérarchie des camps. La preuve en est leur taux très élevé de mortalité : 60% des homosexuels sont morts dans les camps, victimes des tortures, des brimades, de la faim, du travail harassant.

En France


En ce qui concerne la France, la Fondation pour la Mémoire de la Déportation – association reconnue d’utilité publique placée sous la haut-patronage du Président de la République – a déjà dénombré 210 déportés pour homosexualité. Tous l’ont été depuis les territoires annexés l’Alsace et Moselle, ce qui souligne la logique raciale et non morale de la politique nazie. Ce nombre de 210 reste en deçà de la réalité car les historiens de la Fondation n’ont consulté qu’une part minime des archives.




Pierre SEEL (1923-2005)
Il a été le seul déporté français pour homosexualité à témoigner.
Un apport capital contre l’oubli.









Pour de plus amples informations, nous vous conseillons la consultation du site :
http://www.triangles-roses.blogspot.fr/