27/01/2023 - Journée Internationale des victimes de l'Holocauste : le Parlement allemand consacre la cérémonie solennelle aux homosexuels

 

Pour reprendre le texte du journal Komitid :

Le Parlement allemand va mettre pour la première fois l'accent vendredi 27 janvier sur le sort des victimes des nazis persécutées en raison de leur identité de genre ou leur orientation sexuelle, à l'occasion de la journée internationale des victimes de l'Holocauste.

« Ce groupe est important pour moi parce qu’il souffre toujours d’hostilité et de discrimination », a déclaré la présidente du Bundestag, Bärbel Bas, à l’AFP.

Depuis le 27 janvier 1996, les députés organisent chaque année à la chambre basse du Parlement une cérémonie solennelle pour marquer l’anniversaire de la libération du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau.

Traditionnellement, elle est centrée sur la mémoire des six millions de Juifs exterminés par le régime d’Adolf Hitler.

Même si l’ancien chef de l’Etat Roman Herzog (1994-1999) avait déjà évoqué en 1996 le destin tragique des hommes et des femmes LGB sous le régime nazi, les militant·es en faveur des droits de la communauté LGBTI+ estiment que leur histoire a longtemps été marginalisée voire oubliée.

La cérémonie de vendredi, où leur persécution sera mise en exergue, constitue « un symbole important de reconnaissance » de « la souffrance et la dignité des victimes emprisonnées, torturées et assassinées », estime Henny Engels de l’association pour les droits des homosexuels et des lesbiennes.

Tout en rappelant que l’Holocauste visait en premier lieu les Juifs, le directeur du mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, Dani Dayan, a salué cet élargissement du travail de mémoire entrepris par les députés allemands.

« L’Holocauste était une attaque contre l’humanité : contre les personnes LGBTQ, les Roms et les Sintis, les personnes souffrant de handicaps mentaux, mais en particulier contre les Juifs », a-t-il dit à l’AFP lors d’une récente visite à Berlin . « Nous respectons et honorons toutes les victimes », a-t-il ajouté.

Des acteurs ont lu vendredi l’histoire, parfois fragmentaire, de victimes, comme celle de Mary Pünjer, déclarée « asociale » et gazée par les nazis en 1942 à Ravensbrück.

Ou encore celle de Karl Gorath, survivant d’Auschwitz mais qui fut de nouveau condamné pour homosexualité après 1945, par le même juge que sous le nazisme.

« Cela a duré trop longtemps » avant que « la dignité » des homosexuels, lesbiennes et personnes transgenres « soit prise en compte », a regretté Klaus Schirdewahn, 75 ans, condamné lui en 1964 en raison de son orientation sexuelle. 

En Allemagne de l’Ouest, le paragraphe 175 du code pénal criminalisant l’homosexualité sera rétabli dans sa version d’avant le nazisme en 1969, avant d’être entièrement aboli en 1994. Dans l’ex-RDA, il restera en vigueur jusqu’à 1968.

La réhabilitation des condamnés de la période nazie sera ensuite votée en 2002, dans l’Allemagne réunifiée.

Mais il faudra attendre mars 2017 pour que le gouvernement réhabilite aussi les quelque 50 000 personnes poursuivies après 1945, et leur accordent des indemnisations.

A cette date, « beaucoup des victimes n’étaient plus en vie », a regretté la présidente du Bundestag.

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