25/04/21 - Queer Code présente le parcours de Ruth Maier, 1920-1942

communiqué de presse de l'association Queer Code


A l’occasion de la Journée du souvenir
Des victimes et héroïnes et héros de la déportation de 2021


Queer Code présente le parcours de Ruth Maier, 1920-1942, jeune juive autrichienne ayant fui en Norvège les persécutions nazies. Elle sera raflée à Oslo avec d’autres personnes juives en novembre 1942 et déportée en décembre 1942 au Camp d’Auschwitz où elle sera assassinée.

Les derniers mots que nous avons de Ruth Maier ont été passés clandestinement à sa compagne Gunvor Hofmo : « Pourquoi ne devrions-nous pas souffrir lors qu’il y a tant de souffrance ? Ne t’inquiète pas pour moi. Je ne voudrais peut-être pas échanger ma situation contre la tienne ». Dans cette même lettre, Ruth lègue à son amie tout ce que cette dernière souhaite conserver de ses affaires.

En 2018, nous lui avions consacrée une cartographie numérique.

Cette année, nous avons coopéré avec le Centre norvégien d’études sur l’Holocauste et les minorités afin de présenter via notre cartographie une sélection d’archives de Ruth Maier que le Centre a numérisé.

Voici son parcours : https://constellationsbrisees.net/portfolio/parcours-de-ruth-maier/ 

En 2020, le Centre norvégien sur l’Holocauste et les minorités a numérisé des archives (journaux intimes, dessins, photo, correspondance...) de Ruth Maier à l’occasion des 100 ans de sa naissance. https://www.hlsenteret.no/aktuelt/nyheter/arkivet-etter-ruth-maier-digitalt-tilgjengelig-.html

Huit journaux que Ruth rédigea de 1933 à 1942 et plus d’une cinquantaine de lettres ont été conservés par sa compagne Gunvor Hofmo pendant plus de cinquante ans. En 1953, Gunvor tente en vain de convaincre son éditeur de publier un choix de textes tirés des journaux intimes de Ruth Maier. Ce refus est un choc terrible pour Gunvor qui toute sa vie fera référence à Ruth dans son œuvre littéraire. A la mort de Gunvor en 1995, les journaux de Ruth furent retrouvés parmi ses manuscrits. Le poète, essayiste et traducteur Jan Erik Vold entreprit d’archiver et de classer les travaux de Ruth. La famille de Ruth, tout particulièrement Judith la sœur de Ruth, aida en transmettant correspondance et photos de famille. Les neveux de Gunvor Hofmo ainsi que sa cousine participèrent également à l’édition des œuvres de Ruth, tout comme ses amies norvégiennes encore en vie. Ainsi fut édité « Le journal de Ruth Maier. De 1933 à 1942, une jeune fille face à la terreur nazie » en 2007 en Norvège, puis traduit en français et publié en 2009 par K&B éditeurs.

Aujourd’hui, les archives de Ruth Maier font parties du patrimoine norvégien et conservées comme telles.



Queer Code

Nous avons créé notre collectif Queer Code il y a six ans à l’occasion des 70 ans de la Libération des camps de concentration afin de contribuer à rendre pensable et formulable ces sujets légitimes que sont les lesbiennes. Depuis, nous regroupons et partageons via notre site de la documentation. Nous animons des ateliers participatifs. Nous menons des recherches et des partenariats avec des centres d’archives afin de rendre visible les parcours de résistance et de déportation de lesbiennes et de femmes ayant aimé des femmes.

En 2017, nous avons commencé notre projet de médiation numérique via la réalisation de cartographies numériques intitulé « Constellations brisées »1 , initié par Isabelle Sentis. Depuis tous les ans à l’occasion de la Journée du souvenir des victimes, héros et héroïnes de la déportation, nous réalisons une cartographie numérique dédiée au parcours de déportation d’une lesbienne ou d’une femme ayant aimé des femmes.

A la même époque en 2017, l’Union des déportés d’Auschwitz réalisait la plate-forme numérique « Mémoires des déportations » 2 avec des témoignages de rescapé.e.s géolocalisé.e.s à l’échelle de l’Europe. Nous renvoyons via nos cartographies vers ce précieux travail. Il y a bien sûr les précieuses cartes réalisées par le Mémorial de la Shoah3 et par les institutions mémorielles à travers le monde dédiées à l’histoire de la Shoah. Selon le géographe Sylvain Tesson : « Les cartes mieux que les longs traités nous disent comment les hommes voient le monde. Et quelle place ils considèrent y occuper » 4

    Si nous continuons d’enrichir l’historiographie de travaux de recherches notamment ceux concernant les lesbiennes et les « asociales » 5, nous avons également décidé de rendre visibles sur les cartes les trajectoires des lesbiennes et des femmes ayant aimé des femmes durant la Seconde Guerre Mondiale. Nous avons voulu tracer ces constellations pour représenter la diversité, la singularité, la sororité de ces femmes persécutées par les lois nazies, fascistes et vichistes et invisibilisées par l’ordre moral patriarcal. Comme « toute carte est liée au projet de rendre visible l’invisible », il en est de même pour nos cartes !


1 https://constellationsbrisees.net/

2 http://memoiresdesdeportations.org

3 http://www.memorialdelashoah.org/archives-et-documentation/quest-ce-que-la-shoah/cartes-historiques.html

4 Artistes de la carte de la Renaissance au XXIe siècle. Dirigé par Catherine Hofmann Editions Autrement 2012,

p5 préface de Sylvain Tesson.

5 Homosexuel.le.s en Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale. Régis Schlagdenhauffen, Julie Le Gac et Fabrice Virgili. Chapitre « Punir les homosexuel.le.s sous le IIIe Reich » p40 : « il reste très difficile d’établir combien de lesbiennes ont été internées en camp de concentration spécifiquement en raison de leur orientation sexuelle et cela notamment car peu de travaux sur les asociaux et asociales ont été menées jusqu’à présent ».